Anne de Meyer
On la croirait bâtie à chaux et à sable mais à l’écouter, elle est toute sensibilité sans artifice, authentique, souvent au bord d’un rire qui d’un coup éclate avec le même naturel dont elle travaille l’argile. Ses céramiques. Ses enfants, avec lesquels elle s’amuse.
« La matière nourrit mon imaginaire. J’y glane des trésors, je les accumule. Ainsi des bois morts, de vieux troncs, des roches érodées, des coquillages. Chaque objet, témoin mystérieux et fertile, a une histoire à raconter. J’assemble, je rassemble depuis trente ans. C’est un jeu sans cesse renouvelé auquel la terre, l’argile se prête bien ».
Et s’il faut appeler un chat un chat, ou une vache une vache, Anne de Meyer parle plutôt de représentations et d’évocations qui ont l’allure de… C’est là son refus de faire vrai. « Mes vaches, pour ne citer que cette partie de mes céramiques, ont le droit d’être moches pour certains mais la nature ne vit-elle pas avec ses imperfections ? ». Et pourtant ses petites vaches sont belles à regarder…et assez malines pour présenter des défauts qui perturbent gentiment le regard et ne laissent d’interroger le spectateur. C’est là peut-être une ultime complicité avec celle qui les a fait naître et qui se dit amateur au sens d’amour-passion pour la terre (mais qui a quand même été notamment pendant plus de dix ans responsable d’ateliers de céramiques en Belgique et conseillère artistique).
Anne de Meyer, toute en sensibilité disions-nous. Nous lui voyons aussi beaucoup de libre poésie avec ses conques et autres coquilles d’argile, qu’elle a réinventées et qui suspendues à des fils de vie tintinnabulent au gré des vents…sans doute ses pensées écrites éparpillées pour nous faire rêver à de nouvelles lectures, à de nouvelles créations. Elle les appelle ses « Nids au vent »…
■Michel Duchemin