Yves Riguidel
Un trait caricatural nous avait renvoyé il y a quelque temps à une forme de stakhanovisme qu’il nous inspirait dans son ardeur et sa puissance au travail.
Elles n’ont pas diminué, loin s’en faut. Yves Riguidel nous apparaît aujourd’hui avec ses questionnements face à la toile, dans une quête d’absolu, (avec un « petit a » précisons-le), en ce qu’elle consisterait à se libérer d’une démarche quotidienne où l’on se bornerait à apercevoir les choses sans en approfondir le sens. Une démarche que l’on ressent chez lui à l’observer, sans autre dépendance que celle de son rapport au ressenti de son regard au sujet et à lui seul en une extrême concentration avec… un fond musical pour seul témoin. « Je travaille toujours en musique. J’aime le jazz. Un soir j’ai sorti mon carnet de croquis et tout à commencé ».
Debout pendant des heures il croque. « Jazzitudes, Touques, L’Endroit à Honfleur », il saisit un sourire, un rictus, la tête d’un instrument, le ventre dodu d’une contre-basse, imprimant à ses crayons et fusains un léger staccato. Auparavant, on ne l’imagine pas, il a passé des heures à capter l’ambiance feutrée, presque en recueillement, des danseurs et danseuses déliant toute leur chorégraphie. La magie de son art opère. Parfois c’est un gros plan, un portrait dont l’exercice est délicat dans l’intrusion ressenti par l’autre dans son regard.
Et souvent, entend-on, « Faites voir ! » – « Oh, c’est juste des ébauches, des pochades, des croquis » répondra-t-il, selon, dans un sourire. Tout en humilité, de gentillesse, prêt en fin de séance à discuter sur quelques uns de ses pygmalions.
« J’ai été influencé, par Vladimir Vélickovic et Ernest Pignon Ernest qui se sont consacrés à la figure. Mais je n’oublie pas Pierre Brassard qui m’a mis au dessin, Etienne Lodého qui m’a ouvert à la gravure et plus récemment, Joëlle Tribhou qui m’a initié à la peinture de modèles. Evidemment ici, mon air est fortement chargé de Eugène Boudin ou de Nicolas de Staël pour ne citer qu’eux parmi mes pairs. »
In fine et en guise de supplique, Yves…Parangon de travail au sein de Contre Courant que tu présides, prends le temps de nous faire encore de ces exquises aquarelles depuis tes gloriettes de Villerville ou Honfleur et si tu y vois passer quelques belles bayadères et de riants bateleurs sur ces plages, fais-nous en le présent !
■Michel Duchemin